Traverses
Lucie Rocher chemine entre les lignes de l’architecture à la recherche de ses images. Ou plutôt de ce qu’il en reste, qui a persisté et qui les traverse encore : à l’intérieur du cube blanc, Traverses est faite de constructions tangibles ou de simulations possibles qui révèlent autant « ce qui a fonctionné » que « ce qui a peut-être échoué » avec elles.
Chaque image, espace et dispositif s’offrent comme un point d’entrée de ce que l’artiste a observé au quotidien sur des chantiers urbains ou encore capté spontanément au détour de rues au Japon. Composée de lignes interrompues ou encore consolidées par des éléments invisibles, chaque « bricolage » photographique est une tentative double : vouloir s’installer temporairement et espérer en même temps se retrancher subitement du cube blanc. Percés, projetés ou imprimés directement sur des matériaux résiduels, ces bricolages appréhendent de côté les géométries et les géographies investies pour permettre à l’œil de mieux les saisir.
L’exposition s’ouvre sur un cinquième mur, l’image photographique se déplie de travers. Les photographies coexistent, se soutiennent et se structurent selon un angle jamais droit ni frontal et, de chaque côté de ce nouvel axe de tension, s’assemblent des zones temporaires d’expérimentations photographiques. L’image résiste pour ne pas oublier, à la fois ce qui a été vu et vécu et qui a fait osciller l’horizon dans le regard de l’artiste.
Quelques étages plus haut, le chantier photographique se prolonge sur d’autres murs. Dans l’atelier et l’entrepôt de stockage de Lucie Rocher, il poursuit cette verticale mentale qui se dessine à-même le bâtiment et qui invite le spectateur à franchir le plafond et les murs de la galerie pour croire à la réalité de ces images qui ont désormais débordé devant lui.